GOLF ET ENVIRONNEMENT

Image: Le Monde du Golf

Par: L.Gana

Le golf est considéré comme le 4ème sport le plus polluant après le ski, les sports mécaniques et le tir (1). En cause : l'installation des terrains, qui dégrade l'environ-nement, et l'entretien du gazon qui, il faut le dire, nécessite beaucoup d'eau et quelques pesticides.

La consommation nationale moyenne annuelle d'eau d'un golf de 18 trous est de 50 000 mètres cubes par an. Le green a davantage besoin d'eau car il brûle facilement.En France, quatre niveaux de sécheresse (vigilance, alerte, alerte renforcée et crise) sont répertoriés.

Consommation importante d'eau et de pesticides, zones artificielles au détriment d'espaces naturels, altération de la biodiversité : les 35 000 parcours de golf que compte la planète cumulent une empreinte écologique élevée. Même si le secteur tente de mettant en place diverses initiatives plus vertes.

Premier facteur de cette empreinte écologique élevée, une consom-mation excessive d'eau, comme en témoigne les estimations du WorldWatch Institute, un think tank américain : 9,5 milliards de litre d'eau seraient utilisés chaque jour dans le monde pour arroser les pelouses des golfs : presque autant que ce que boit l'ensemble de l'humanité. En France, d'après l'étude de l'AGREF – association des Green-Keepers Français, un seul parcours de golf nécessite autant d'eau qu'une ville de 7 000 habitants par an.

L'impact de cette consommation est d'autant plus fort que ces espaces de loisir sont souvent situés à proximité des grandes zones urbaines ou agricoles et concurrencent des usages vitaux de l'eau : eau potable et irrigation notamment, déjà sources de tension dans les régions sèches et arides. A Palm Spring, en Californie, par exemple, 16 % de la réserve naturelle d'eau douce de la vallée de Coachella, qui alimente les besoins des 400 000 habitants, est utilisée pour l'arrosage des terrains. Didier Lehénaff, expert des problématiques environ-nementales liées au sport et président de l'association SVPlanète (Un sport vert pour ma planète bleue), remarque que « Le seul Tiger Wood Dubaï, un projet golfique de 72 trous en plein désert où les précipitations sont maigres, nécessitera 15 millions de litres d'eau par jour ! ».

Les parcours de golf se doivent d'être impeccables pour attirer leurs adeptes : mauvaises herbes et mottes de terre disgracieuses ne sont pas les bienvenues. Le Wordwatch Institute estime ainsi que 18 kg de pesticides sont utilisés par hectare et par an, en moyenne : à comparer aux 2,5 kg par hectare et par an pour l'agriculture. Avec pour corollaire la pollution des sols et des nappes souterraines.

En 2012 et pour pallier cela, l'industrie du golf tente, pour les engrais, de se convertir aux fertilisants organiques et de réduire les quantités utilisées, en utilisant par exemple des déchets de tonte, ce qui permet d'économiser plus de 50 % de l'engrais. Et pour les pesticides, elle teste des alternatives comme l'installation de nichoirs pour oiseaux insectivores et chauve-souris.

Enjeux en termes d'image et de communication

Les entités (fédérations) qui représentent le secteur du golf ont souhaité que ce sport redevienne une discipline olympique (acquis pour les jeux de 2016, sur décision prise en 2009, après retrait depuis 1904). Elles souhaitent encore qu'il soit reconnu comme « sport de nature », ce qui leur demande de répondre à certains critères de soutenabilité environnementale, économique et sociale. En France, c'est l'Agenda 21 de la FFGolf qui tient lieu de cadre principal à ces critères.

Les engagements du CIO (Agenda 21)

En tant que tels, les enjeux de soutenabilité du sport ont vraiment émergé dans les années 1990, dans le contexte du Sommet de la Terre de Rio (juin 1992) et de ses suites.

Le Mouvement olympique considère depuis 1999 « l'environnement comme le troisième pilier de l'Olympisme, après le sport et la culture » et dit avoir « développé une politique volontariste de défense de l'environnement qui s'est exprimée dans le «Pacte de la Terre», les actions de collaboration avec le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), la réalisation de Jeux Olympiques « verts » et la tenue de conférences mondiales et régionales sur le Sport et l'environnement. ».

Au niveau mondial, le comité international olympique a produit en 1999 son propre Agenda 21 du CIO. Il a été en 2000 suivi d'une résolution du Conseil de l'Europe avec une déclinaison et adaptation française en 2005 (en un « Agenda 21 du sport français »).

Cet Agenda 21 français invite notamment toutes les fédérations sportive à se doter d'une Commission Environnement et dévelop-pement durable, qui pourra proposer et évaluer les moyens, pour chaque type d'activité, de construction d'infrastructures sportives ou de déplacements sportifs, de minimisant les impacts directs et indirects, immédiats et différés sur les ressources naturelles pas, peu, difficilement, lentement ou coûteusement renouvelables. Ces disposi-tifs ne semblent pas encore avoir été évalués.

Les engagements environnementaux de l'IGF (Fédération interna-tionale)

L'IGF a indiqué en 2005 au comité olympique qu'elle cherchait à mieux prendre en compte les impacts écologiques du Golf, via un programme et d'un plan d'action dans le domaine de l'environnement ; des évaluations environnementales effectuées par l'IGF pour ses manife-stations. L'IGF a également précisé que l'industrie du golf soutenait des recherches scientifiques conduites sur l'impact environnemental des parcours de golf en citant comme principaux domaines de recherche la mise au point d'une nouvelle variété de gazon moins consommatrice d'eau et de fertilisants ; des méthodes de construction respectueuses de l'environnement ; une réduction de l'utilisation de produits chimiques ; et la recherche d'alternatives aux pesticides et des travaux en faveur de l'utilisation de graminées indigènes. Un volet « éducation » est également prévu, de même qu'un objectif de mise à disposition des golfs de matériel adéquat pour la gestion des déchets.

L'IGF a indiqué au Comité olympique qu'elle estimait que « des parcours de golf gérés de manière adéquate permettent d'obtenir un certain nombre de résultats positifs pour l'environnement et la communauté, notamment : des habitats pour la faune, une protection des sols, l'absorption des eaux pluviales et des eaux usées, une intégration paysagère, des possibilités d'organiser des sports récréatifs en plein air, et une réduction de la pollution par l'absorption de dioxyde de carbone ». L'IGF ajoutait qu'« Il convient par contre de souligner que, mal situé ou mal administré, un parcours de golf peut avoir des effets négatifs considérables sur l'environnement. Il faut donc impérativement tenir compte de ces éléments lors de la construction et de la gestion des parcours »

Aspects plutôt positifs pour l'environnement

Comme pour d'autres espaces verts (grands jardins publics ou privés) ou pour les zones d'exercice de terrains militaires, certains espaces verts de zones d'activité, ou d'autres espaces dédiés au sport (pistes de ski, prairies et parcours associées à certaines zones de sports ou loisirs équestres), les golfs présentent a priori certaines potentialités pour la biodiversité, avec même quelques spécificités.

Les « parcours » eux-mêmes, et en particulier les « greens » et « bunkers » sont peu accueillant pour la faune, flore ou fonge sauvages (et la faune sauvage y est d'ailleurs souvent jugée indésirable, car peu compatible avec les pratiques du golf telles qu'elles existent), mais :

  • ces parcours s'insèrent dans des terrains parfois très vastes constitués d'une « mosaïque paysagère » dont une part - souvent significativement étendue - est constituée de graminées plus élevées et diversifiées (moins souvent tondues ou fauchées), et de milieux enbuissonnés à arborés, potentiellement plus favorables à la biodiversité si écologiquement connectés au contexte écopaysager ;
  • des reliefs variés sont recherchés ou reconstitués par les aménageurs et paysagistes de golf. Ils sont favorables à l'établissement de microclimats et de micro-habitats propices à la diversification des communautés végétales et des niches écologiques (si la gestion du milieu le permet) ;
  • la présence d'eau (dormante ou courante), et parfois de franges de zones humides naturelles ou d'apparence naturelle devrait remettre l'accueil de nombreuses espèces aquatiques et des zones humides (25 % de la biodiversité environ en Europe de l'Ouest dépendent des zones humides) ;
  • l'essentiel des déplacements se faisant sur les « Fairways », les terrains de golf sont pas ou peu écologiquement fragmentés par des clôtures ou routes imperméabilisées, et les véhicules y sont peu nombreux et souvent dotés d'une motorisation électriques, et dont moins source de pollution directe et de dérangement (véhicules silencieux), sachant néanmoins qu'en zone tempérée, la pratique du golf se fait surtout au printemps et en été, avec un printemps une zone de vulnérabilité biologique correspondant à la reproduction et à l'élevage des jeunes pour de nombreuses espèces ;
  • le tapis densément engazonné ou enherbé présente, dans une certaine mesure, des propriétés intéressante de filtration et d'épuration de l'eau, plus importante que ce que laissaient imaginer les premiers modèles utilisés dans les années 1990, créés pour des milieux plutôt agricoles ;
  • l'environnement nocturne des golfs est généralement mieux protégé que celui des parcs urbains, car ils sont fermés la nuit et plus périphériques. Étant moins soumis à la pollution lumineuse, si on y utilisait moins de pesticides (insecticides notamment), et si on y acceptait un sol plus riche en humus, en bois-mort (pour les espèces saproxylophages) et des floraisons plus importantes (source de nectar et pollen), ils seraient théoriquement favorables à de nombreuses espèces d'insectes (papillons de nuit) et d'animaux (chauve-souris, reptiles, amphi-biens et autres mammifères insectivores). Ces derniers vivent et se déplacent essentiellement de nuit, et échappent donc a priori plus facilement au matériel de tonte ou fauche, ainsi qu'aux épandages de produits chimiques qui se font de jour ;
  • plusieurs études laissent penser que les parties densément boisées des golfs sont plus riches en oiseaux et (logiquement) en espèces forestières. Par exemple au Japon, la flore ainsi que les arthropodes et vertébrés ont été inventoriées dans 12 terrains de golf, et comparées à celles des abords de ces golfs. C'est dans leurs parties boisées que les golfs présentaient le plus grand nombre d'espèces, avec – au Japon - une relative similarité avec les espaces boisés proches. Les auteurs de l'étude japonaise estiment que - en contexte urbain – des golfs riches en essences autochtones pourraient contribuer à la conservation d'espèces de la forêt indigène

Aspects plutôt négatifs pour l'environnement

Les phénomènes d'insularisation écologique et de piège écologique

Certaines zones sableuses dénudées attirent les insectes ou animaux fouisseurs. Les zones engazonnées ou l'effet miroir des étangs vont attirer des oiseaux qui y trouveront peu à manger ou risquent d'être empoisonnés par les pesticides). Beaucoup de golfs sont situés près de zones balnéaires littorales (sur des corridors biologiques et/ou corridors de migration aviaire où ils ont modifié et remplacé des milieux dunaires, de lande ou des tourbières sauvages, tel le golf de Golf de Falsterbo (Suède), de forme linéaire orienté nord-sud, construit entre le cordon dunaire et les vastes lotissements d'un programme immobilier de la zone arrière-littorale, sur la péninsule sud de la Suède. 

Pour diminuer les consommations de pesticides, les formations d'intendants de golf recommandent maintenant d'installer de nombreux nichoirs pour oiseaux insectivores et chauve-souris (mais on a montré que des pics se nourrissant sur les arbres de golfs accumulent de l'arsenic, l'un des composés d'un des pesticides les plus utilisés sur les golfs, le MSMA). 

On empoissonne les étangs avec des poissons herbivores exotiques (« carpes Amour » ou « perche soleil » par exemple) qui mangent les algues qui pullulent à cause des nitrates, mais qui détruisent aussi la flore naturelle productrice d'oxygène et épurant l'eau de ses nitrates au profit d'espèces planctoniques qui contribuent à rendre les eaux turbides.

La surconsommation d'eau

La forte consommation, le gaspillage ou le détournement d'eau est le reproche le plus fréquent fait par les organisations de consommateurs, surtout en région aride ou en saison estivale. En France, l'AGREF (association des Green-keepers français), estimait qu'en 2005 qu'un golf français (métropolitain) moyen nécessitait 3 176 m3 d'eau d'arrosage par hectare et par an, alors qu'un rapport du Sénat évaluait en 2003 cette consommation à 3 800 m3. 

Pour un parcours moyen (40 ha en France), les besoins en eau correspondent à ceux de 7 000 Français). Pour se fournir en eau, en 2005, ces mêmes golfs utilisaient des forages (dans 41 % des cas) ; un pompage en canal (26 %) ou en cours d'eau (9 %) ou dans une retenue collinaire (5 %) Seuls 8 % des golfs interrogés utilisaient de l'eau recyclée, et 11 % des golfs interrogés utilisaient directement de l'eau potable (golfs urbains ou anciens en général, qui pourraient utiliser une eau recyclée).

La pollution de nappes et d'eaux de surface

La pollution de nappes et d'eaux de surface par les engrais (NPK) et peut-être pollution de l'air par NOx ? À titre d'exemple, en France, selon l'AGREF il suffirait de 1,5 kg/ha/an d'engrais (soit 1,5 % de la quantité d'engrais et de désherbants utilisés en France pour les espaces verts), mais les documents des semenciers qui vendent les graines d' Agrostis stolonifera principalement utilisée sur greens de (car supportant les tontes très rases (3 à 10 mm) et fréquentes nécessaires aux surface de putting des golfs) recommandent de 100-200 kg/ha/an d'Azote (N, sous forme de nitrate, de 50-75 kg/ha/an de phosphore (P) et de 250-400 kg/ha/an pour le potassium (K), à épandre seul ou en mélange (NPK) selon les besoins, la saison, la météo, etc.

Ailleurs, selon les golfs, la nature du sol, le climat, le taux d'engazonnement, et l'intensité de la gestion (il existe des techniques pour limiter la lixiviation de l'azote, en particulier en limitant l'arrosage au strict nécessaire et en veillant à ne pas surdoser), les consommations d'engrais peuvent beaucoup varier. Les impacts sont donc à calculer au cas par cas, mais sans engrais à diffusion lente, il semble impossible d'éviter des lixiviations d'azote s'il pleut après un épandage (les nitrates sont très solubles dans l'eau).

La pollution du sol, de l'air et de l'eau par les pesticides

Les eaux de surface et/ou de nappe sont ici concernées, via le ruissel-lement et la percolation, mais des études plus générales montrent que des aérosols de pesticides peuvent aussi contaminer les eaux météoritiques (pluies, brumes, rosée) localement ou à distance. Ce sont les greens (parfois comparés à de la "« moquette verte »") qui, bien que ne constituant que 2 % environ d'un parcours, consomment le plus de produits chimiques et d'énergie.

Source:

-https://biosphere.ouvaton.org/blog/

- https://www.wikiwand.com/

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